L’autre jour je me promène bêtement dans la mégapole de Grand-mère, Shawinigan, quand soudainement, je croise par hazard un des profs qui m’enseignait au secondaire. Un bon jack. Bein smatt le gars. Comme la dernière fois qu’on s’est vus remonte il y a longtemps, on parle un peu de ce que la vie devient. Lui, pas étonnant, il est encore prof. Moi, petit jeune con qui passait son temps à gribouiller dans son agenda au lieu d’écouter le cours, est en voie de devenir artiste. Formidable, dit-il. (Un autre pelleteux de nuage!) Quand je lui dit que c’est pour faire du tatouage (qui soit-dit-en- passant est une des rares formes d’art - relativement - traditionnel qui n’implique pas vivre sur des subventions pour pas être crève-faim quand on est à son compte), la face lui change un peu.
-Pi t’étudie dans quoi en même temps? (Question que j’ai déja posée à une coiffeuse après qu’elle m’ait demandé la même chose, ça fait un moyen malaise metton)
-Non j’ai fini d’étudier, je commence ça comme carrière.
-Ah..
Vous savez, le genre de sourire qu’on fait quand on souriait il y a deux secondes, mais que pour une raison quelconque, la bouche arrête de contracter ses muscles de façon automatique et on tente de les contrôler consciemment en essayant d’éviter de bouger la bouche? C’est comme une “tentative” ou un “restant” de sourire, comme si l’original était parti mais avait laissé une trace de bouette avec la même forme à son emplacement initial. C’est assez subtil, mais même sans être expert en expressions faciales (comme le jerk de lie to me qui arrête pas de regarder le monde croche quand il analyse absolument tout ce qu'ils disent), c’est pratiquement impossible de pas trouver que quelque chose tourne pas rond dans la face de l’interlocuteur. La trace de bouette est là mais les yeux y sont pas, ils fixent dans le vide. En tout cas - tout ça pour dire que c’est la face qu’il avait. Pi c’était bien drôle.
Et c’est là qu’il dit quelque chose que j’ai moins aimé:
-Mais oui mais c’est juste une mode ça! Ça durera pas!
Fuck you.
Le tatouage dans le monde occidental tient ses sources du 16ième siècle, et les premiers tatoueurs professionels sont apparus à la fin du 19ème. C’est certain qu’en 1850 c’était moins populaire qu’aujourd’ui. Mais comme c’était moins populaire, il y avait moins d’artistes et ils chargeaient plus cher. Au final c’était plus difficile, mais c’était quand même très viable. Peut-être même plus qu’aujourd’hui parce que dans le temps, des tatoueurs, il en pleuvait pas comme maintenant. Donc le tatouage, c’est pas une fucking mode. L’art n’est pas un courant, il est le medium au courant. C'est un peu comme dire que la peinture est une mode. La peinture baroque, par exemple, est une mode. La peinture impressionniste, expressionniste, ou encore surréaliste, sont des modes. Mais pas la fucking peinture au complet!
Et de toute façon. Même si c’était juste une mode, ça changerait quoi? Le fait est que les modes ont la manie de coller aux générations. Quand les pantalons bruns c’était pu à la mode, c’était pas parce que les gens ont arrêté d’en porter. C’était parce que la génération après celle qui portait les pantalons brun, portait autre chose. Les porteurs de pantalons brun sont seulement devenus vieux. Faites juste penser aux beaux chandails en polar avec une face de loup en avant. C’est pu pentoute à la mode (ça l’a tu déjà été?), mais les mononcs qui les portaient avant les portent toujours aujourd’hui. Donc dans 40 ans si les générations plus jeunes s’intéressent pas pentoute au tatouage, bein j’va continuer de tatouer des p’tit vieux de mon âge pareil, okay!!
Bref, j'aime pu mon ancien prof.
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